C'est à Label Escale que j'ai retrouvé Victoria, la créatrice de Madame porte la culotte. Un lieu plutôt bien trouvé pour discuter de son parcours qui débute à Brive-la-Gaillarde, passe par la Belgique et l'Australie, avant une arrivée à Nantes.
Madame porte la culotte ce sont des culottes en coton bio confortables, féminines, esthétiques et éthiques lancées en 2018 par Victoria.
C'est aussi une marque aux multiples engagements : pour les femmes (une partie des bénéfices est reversée à La Maison des Femmes) ; pour plus de transparence ; plus d'éthique (vous le comprendrez en lisant notre échange) et pour l'environnement (son coton bio est certifié GOTS).

Vous pouvez en découvrir plus sur ces aspects ici, moi ce que je voulais c'était surtout savoir qui était derrière cette jolie marque.
Alors comment passe-t-on de la Belgique à l'Australie, de la stratégie digitale aux culottes ?
Notre échange me l'a montré comme la somme de plusieurs expériences, plusieurs éléments que Victoria a su écouter et imbriquer.
L’interview peut paraitre longue mais montre bien comment un parcours se construit peu à peu et à quel point Madame Porte la Culotte est l’aboutissement d’une vision et de valeurs. Je vous invite donc à la lire jusqu’au bout ;-).

Peux-tu commencer classiquement par me présenter ton parcours ?
Ça ne va pas être très classique !
J’ai toujours envie de poser tout le tableau, de dire exactement qui je suis, d’où je viens.
J’ai grandi dans le Sud-Ouest, dans une petite ville qui s’appelle Brive-la-Gaillarde.
À 16 ans je suis partie à Paris pour suivre mes parents. J’ai passé un bac littéraire, mais déjà à ce moment-là je ne savais pas trop quoi choisir car j’ai toujours été quelqu’un d’assez curieux. J’aime bien faire beaucoup de choses différentes.
Ensuite je suis partie étudier la publicité et la communication en Belgique.
C’était génial car j’étais dans une école avec beaucoup de cours appliqués et les projets que j’ai faits m'ont permis de me découvrir un petit peu plus, de me rendre compte que j’aimais bien toucher à tout, pas seulement à la communication mais aussi à la partie créative.
J’y pensais il n'y a pas très longtemps car j’ai dû faire à l’époque un projet de classe en vidéo pour lequel j'ai réalisé une publicité assez féministe. J’avais à peine 20 ans et c’était déjà quelque chose qui me parlait.
Je me rendais compte d’une certaine différence entre le traitement des hommes et des femmes.
Aujourd’hui je suis beaucoup plus engagée. J’ai vraiment cette envie de faire du bien aux femmes et d’aider les femmes.
Mais là j’ai sauté toute une étape !
À la suite de mes études j’ai bossé dans une agence média. C’était intéressant, ce n’était pas forcément ce que je voulais faire, mais j’ai un peu pris ce qu’on me donnait parce que je ne parlais pas le Néerlandais.
J’ai tout de même eu de la chance car c’était une toute petite agence. Nous étions 4, avec 2 patrons - déjà c’est un peu particulier - et 2 patrons aux profils totalement opposés qui m’ont prouvé qu’on pouvait bosser ensemble sans forcément s’entendre ni se ressembler.
C’était une agence assez nouvelle qu’ils avaient créée par envie de transparence et d’une certaine justice, des valeurs qui me plaisaient.
C’est quelque chose que tu mets en place aujourd’hui ?
Que j’essaie au maximum, oui.
C’est important pour moi la transparence, d’expliquer les prix autant que possible par exemple. Parce qu’on ne peut pas tout révéler à cause de la concurrence malgré tout.
Et puis ce sens de la justice aussi : j’aime bien que dans l’histoire le plus petit arrive quand même à s’imposer.
J’ai bossé là 3 ans, 3 années très formatrices. Je m’y suis retrouvée parce que très vite ils m’ont laissé assez d’autonomie pour faire 2 choses.
Une que j’aimais beaucoup : conseiller, comprendre les besoins, accompagner le client.
Une autre que j’aimais beaucoup moins : présenter les résultats de campagne publicitaire.
C’est ici qu’on s’éloignait un peu de la transparence car l'objectif était quelque part de montrer que les résultats étaient bons, quoi qu’il arrive.
Ça allait à l’encontre de mes valeurs, de cette envie d’honnêteté et de transparence.
En plus de ça le digital n’est par définition pas concret, pas réel. J’avais besoin de plus de concret et de plus de créativité.
Je sentais qu’il me manquait quelque chose, mais je ne savais pas quoi. J’ai donc décidé d’arrêter et de partir 1 an en Australie, un peu sur un coup de tête.
Et c’était génial, déjà j’ai retrouvé le soleil !
En 1 an j’ai vraiment fait tout le tour de l’Australie. J’ai acheté un van.
J’ai passé d’abord 1 mois seule puis une amie m'a rejoint de Paris et on a passé tout le reste du temps ensemble.
Ce dont je me suis rendue compte pendant ce voyage c’est qu’il y a beaucoup de choses dans la vie qui n’ont de sens à mes yeux que si elles sont partagées.
Je suis très autonome, très indépendante mais finalement ce qui a du sens c'est quand je le partage avec d’autres.
Il ne faut pas que je l’oublie. Je me le dis même là, maintenant, parce que je travaille seule et ça me manque aussi de pouvoir échanger.
Donc 1 an en Australie, 1 mois ½ en Nouvelle-Zélande, seule. Là aussi j’ai appris des choses sur moi, sur mes limites. C'était intense et j’étais très fière de moi d’avoir réussi à faire ça toute seule parce que j’ai aussi vécu certaines péripéties !
Et puis après l’Australie je suis rentrée en France, j'ai cherché du boulot mais je ne voulais plus travailler dans la pub.
Je me cherchais beaucoup à ce moment-là, je pensais que l’Australie allait m’apporter l’idée de ce que j’allais faire en rentrant mais ce qui est compliqué quand on voyage c’est qu'on part loin, on se libère de beaucoup de choses mais on peut se perdre un peu aussi.
Et de toute façon ce n’est pas magique. Je croyais et j’espérais encore à l’époque que ça allait être le cas !
A force de ne pas trouver de travail je me suis mise à mon compte en consultante en communication.
J’ai rencontré quelqu'un au cours d’une formation qui m’a proposé qu’on travaille ensemble pour développer une application mobile de développement personnel.
Il avait toute confiance en moi alors que je n’y connaissais pas grand-chose.
Finalement le projet n’a pas vu le jour car lui-même avait un travail à côté et il voulait que je gère le projet seule.
Ça m’a cependant fait comprendre plusieurs choses : déjà que je n’avais pas envie à nouveau de gérer un projet toute seule et surtout pas un projet qui n’était pas mon idée à la base.
Et puis c'était fou de me dire que ce type que je connaissais à peine me pensait capable de gérer un projet comme ça.
C’est à ce moment-là que je me suis dit pourquoi ne pas lancer moi-même quelque chose. Qu'en fait, oui, je peux !
Peu de temps après, alors que j’étais chez mes parents dans le sud-ouest, je me suis rendue sur un petit dolmen qui a une vue magnifique sur la vallée et je me suis posée sur une de ces grosses pierres.
J’ai fermé les yeux, j'ai laissé mes envies venir à moi et c’est à ce moment-là que j’ai eu l’idée des culottes.
Peut-être que j’y avais pensé avant et que je ne m’en souvenais plus.
Je pense que l’idée m’avait traversé l’esprit en Australie parce que d’un point de vue pratique je ne pouvais pas prendre tant de lingerie que ça, et puis c’était aussi un besoin personnel parce qu'après l’Australie j'avais vraiment besoin de confort.
C’était un peu un "nouveau moi". Moi qui faisais tellement attention à mon apparence j’avais aussi besoin de me libérer de ce besoin de m’habiller pour le regard des autres.
Pour revenir au dolmen, j’ai retrouvé mes parents, et quand mon père m’a demandée ce que j'avais envie de f